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S’infliger des ampoules : Pourquoi part-on en randonnée?

#ospreyeurope

Soixante-douze heures avant d'écrire ces lignes, j'étais en train de soigner mes ampoules aux pieds après une longue journée de randonnée. Un peu plus tard, j'entendais un clan de blaireaux renifler dans le noir et espérais qu'ils ne trébucheraient pas sur ma tête par mégarde. Ces petites bêtes me manquent. Dans cet article, je propose d'explorer brièvement les raisons pour lesquelles nous autres marcheurs acceptons d'endurer des cloques et d'affronter des bêtes sauvages. Pourquoi part-on en randonnée?

Tout commence par un projet lancé entre amis

Si la première étape peut consister en la simple création d’un groupe WhatsApp, c’est bien souvent avec le dépliage d’une carte IGN sur la table d’un bar que le projet se concrétise (de préférence en compagnie de celles et ceux qui vous sont les plus chers/ères). Pour cette randonnée en question, j’avais retrouvé deux amis à moi et nous avions découvert ensemble une édition flambant neuve de la carte OL 14 (couvrant les secteurs de la vallée de la Wye et de la forêt de Dean). Soucieux de ne pas tomber dans le piège d’une préparation excessive, nous souhaitions néanmoins identifier un point de départ approximatif, ne pas négliger la sécurité et calculer la distance potentielle de ce parcours.

C’est à cette étape-là que les bénéfices de la randonnée commencent réellement à se faire sentir. Nos esprits reçoivent une première dose de l’aventure à venir, nous lançons le processus qui consiste à s’évader vers la nature et nous le faisons ensemble. Nous avons chacun des aptitudes, expériences et objectifs différents, mais ensemble nous cultivons la confiance, le compromis et la bienveillance. Des sentiments qu’il est difficile de communiquer sur une messagerie instantanée. C’est une excuse pour mettre en pratique des relations humaines. Cela peut vous paraître pompeux mais, je vous le dis en toute sincérité, j’ai parfois besoin de cette excuse.

Que la préparation commence

Lorsque j’étais encore baroudeur débutant, je pensais que s’aventurer en pleine nature consistait à acheter tout un tas d’équipements pour pouvoir faire face aux éléments. Aujourd’hui, je sais qu’il s’agit simplement d’acquérir le bon matériel de manière à moins porter et de se contenter d’apprécier les choses. J’aime bien me poser certaines questions qui m’aident à me rappeler cette règle d’or :

  1. Ai-je besoin de cet objet pour survivre ?
  2. Si je laisse ce gadget de côté, mon plaisir en sera-t-il gâché ?

La première question agit comme un filtre. Certaines choses indispensables doivent toujours être emportées pour garantir votre sécurité. La deuxième question, suivant un « Non » en réponse à la première, est un peu plus subjective, mais a pour but d’inciter au minimalisme. Mon conseil serait de remplir le sac à dos sans trop y penser, puis de vous poser les questions ci-dessus pour chacune des affaires sélectionnées. Vous seul(e) pouvez savoir ce dont vous avez besoin. Avec cette technique, vous devez avoir l’impression de vous affranchir de certains poids de la vie moderne. Elle doit vous permettre de vous plonger complètement dans l’environnement qui vous entourera. Ne voyez pas cela comme une corvée, mais plutôt comme une négociation.

Sac à dos en image : Talon 22

Les récompenses d’une randonnée

Vous êtes prêt(e), pimpant(e) et vous vous trouvez au point de départ de votre aventure. Face à vous se déroulent de nombreux kilomètres, des centaines de mètres d’ascension, plusieurs heures de marche et sûrement quelques moments pénibles. Pourquoi vous infliger cela ? Voici les quelques leçons que je tire de mes randonnées. À vous de juger de leur pertinence.

1. Vous vous trouvez en dehors de votre cadre quotidien

Loin de moi l’idée que nous devrions tous tenter de fuir nos vies. Nous avons tous des êtres chers, des loisirs et des épanouissements divers. Ce à quoi j’essaie d’échapper en revanche, ne serait-ce que quelques jours, c’est la routine. Échapper à un bureau ou à un écran devant lequel je suis cloué tous les jours.

2. La nature n’est pas faite pour les experts du plein air, elle est faite pour nous tous

Il est dangereux de penser que le retour à la nature et la découverte de son environnement ne sont pas accessibles à tous. Les champs de blé vous font rêver autant que votre voisin, mais vous vous estimez trop peu expérimenté ou équipé pour une escapade dans les collines ? Vous vous trompez sérieusement. L’un de mes amis s’était joint à nous sur le sentier en portant une vieille paire de baskets. Bien sûr, il regrette maintenant ses pieds douloureux, mais ce n’est pas un manque de chaussures adéquates qui allait l’arrêter. Se promener dans une forêt ou le long d’une rivière ne coûte pratiquement rien. La marche, du moins sur des itinéraires courts, ne requiert aucun apprentissage particulier. C’est une activité qui peut être appréciée de tous, il suffit d’en profiter.

3. Le silence vaut de l’or

Randonner entre amis revêt toujours une certaine dimension de camaraderie. Mais le silence est aussi d’une importance capitale. Lors de cette récente escapade, il y a eu un moment où mes pieds me faisaient atrocement souffrir. Nous en étions à notre cinquième heure de marche et aucun d’entre nous ne disait plus un mot. Ce n’était pas un mal. Ces instants de silence sont les fameux moments d’introspection que chaque randonnée a à offrir.

Vous commencez par vous concentrer sur votre rythme de marche. Vous continuez tant bien que mal à poser un pied devant l’autre. Le vent vous ébouriffe de temps en temps. Vous entendez le bruissement des feuilles et de l’herbe. Le temps ne disparaît pas, mais ne semble plus aussi essentiel. Petit à petit, votre esprit se replie sur lui-même et, sans même le remarquer, la douleur dans vos pieds s’apaise. Dans ces moments-là, aucun processus de réflexion ne peut réellement aboutir. Parfois, une pensée éclairante cheminera à travers votre conscience avant de vous échapper à mesure que vous avancez. Ce phénomène est appelé par certains l’exercice de pleine conscience. Les marcheurs appellent cela l’art de la randonnée.

4. Un monde existe en dehors du vôtre

J’ai débuté cet article en parlant de blaireaux curieux. Ces derniers n’ont pas été mentionnés juste pour égayer mon introduction. À la fin de la première journée de marche, j’étais resté allongé pendant près d’une heure à écouter la forêt prendre vie autour de moi. Il y avait un vacarme assourdissant. Outre l’agacement d’abord ressenti à l’idée de ne pas pouvoir m’endormir tout de suite, j’étais émerveillé par cette effervescence de la nature. Assis dans notre salon à regarder Netflix, on oublie facilement qu’un monde existe derrière nos murs. Celui de la nature sauvage. Infiniment profonde…

Et voilà. Partir en randonnée, c’est faire un projet commun avec des amis, c’est faire l’expérience du minimalisme et du silence, c’est rompre la routine et revenir à la nature. Le prix ? Parfois quelques ampoules, et même des blaireaux qui trébuchent aveuglément sur votre tête au beau milieu de la nuit.

Et vous, en quoi la randonnée et le trekking vous sont-ils bénéfiques ? Commentez ci-dessous et partagez vos récits d’aventure.

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